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Les cons instruits

  Ce matin encore à la radio, une journaliste fustigeait avec la bénédiction d’un scientisme convaincu l’évidente dérive sectaire de la biodynamie dans le monde agricole, biodynamie qui concluait elle, existait bien, étudiée par des gens « sérieux », mais… pas là.

  Près de chez moi, vivent des agriculteurs qui du jour au lendemain ont vu s’arrêter de pondre leurs poules, poules qu’ils ont renouvelées deux fois pour le même résultat jusqu’à faire un rapprochement avec la coïncidence de l’implantation d’une antenne relais à proximité. Étiquetés bio, ils se sont bien gardés d’émettre en public ce genre d’hypothèse, sûrs de la raillerie engendrée par une telle suggestion.

  Mais le déplacement de leurs poules à une certaine distance de l’antenne les a vues reprendre leur rythme de ponte initial, tout comme elles le faisaient sur le premier terrain avant l’implantation de l’antenne. Philosophes et prudents, nos agriculteurs préfèrent dire que « c’est comme ça » sans s’étendre davantage sur le sujet. Ils se sont contentés d’observer, de constater et d’agir, plus scientifiques en cela que bon nombres de scientistes.

  Ils ont sans doute raison puisque de l’avis de ceux autorisés à en avoir un, l’influence des ondes est un non sujet.

  Comme l’est celui de l’électro sensibilité dont nous avons, des collègues et moi-même, vu un bon nombre de personnes n’être pas bien du tout voire très mal pour certains, du jour où une connexion wifi a remplacé les fils qui traînaient dans leur immeuble.  Bien évidemment, cela n’existait que dans les têtes de ces personnes, dont pourtant certains médecins « sérieux ».

  Tout comme la Covid longue était dans la tête de ceux qui en souffrent jusqu’à ce qu’elle soit admise par la communauté (tiens c’est amusant et questionnant ce terme) scientifique. Tout juste si à en écouter certains, pas très futés c’est vrai, la Covid longue n’existe que depuis qu’elle est admise et qu’elle était bien « dans la tête » de ceux qui en souffraient avant.

  Pour ma part je préfère souvent le terme de communauté scientiste. Le vrai scientifique voyant quelque chose qu’il ne comprend pas, constate en disant qu’il ne le comprend pas ou pas encore.

  Le scientiste quant à lui est capable d’assurer que ce qu’il voit sans le comprendre n’existe tout simplement pas.

  Le premier est capable d’être créatif dans la recherche d’hypothèses qu’il aura la rigueur de mettre à l’épreuve. C’est celui qui a toutes les chances de découvrir, parfois d’inventer dit-on, ce qui n’est généralement que la compréhension de ce qui existait forcément déjà ; mais encore faut il le faire et être doué de créativité pour cela. Mais la pomme tombait de l’arbre avant qu’on n’affirme que P=mg.

   Le second tout juste apte à compiler des informations sans la capacité à atteindre des niveaux qui lui permettraient une vue d’ensemble des interactions potentielles entre ce qui est connu et ce qui est constaté, ne découvre jamais rien. Suffisant, condescendant vis-à-vis de ce qui n’a pas de preuve et à l’abri dans le confort de l’inertie de la certitude et du dogme, il pérore sur les plateaux télé, dans les médias et les revues pour rejeter la contradiction et se voir attribuer l’autorité d’un Savoir à la limite d’un observable restreint à des conditions qu’il a lui-même établies pour des résultats incontestables ; facile d’avoir raison quand on limite les champs d’expérience aux conditions qui excluent la contradiction.

  Le premier est l’ouverture soutenue par la rigueur. Il a l’art de la science.

  Le second n’est au mieux… qu’un con instruit. Ni l’art ni la science dont il ne conserve que ce qui le sert dans la recherche d’équilibre dans ses peurs de l’inconnu, de la non maîtrise, du non contrôle ; chiant en plus d’être con.

  Le premier n’en n’a généralement rien à f. des pouvoirs.

  Le second croit en son autorité puisqu’on lui demande de l’exprimer à l’appui de décisions politiques par exemple. Il ne se rend même pas compte qu’il n’est pas la preuve d’un prétendu savoir, mais l’outil décidé par les pouvoirs qui ne peuvent admettre la perte de contrôle de la pensée d’un peuple.

   Et l’outil des médias, complices ou manipulés, c’est selon, pour diffuser la bonne parole à l’instar de cette journaliste qui jouait les offusquées et s’esclaffait connement d’une hypothèse alternative quand elle ne connaît probablement rien au sujet qu’elle évoquait.      En même temps, l’audimat fait qu’il faut fédérer le plus grand nombre à une pensée fabriquée dont on aura fait celle de la normalité sous peine de perdre des « clients » et avec l’avantage de l’inertie intellectuelle et de l’économie de l’angoisse de l’isolement que traversent ceux qui pensent autrement.

  Cela fonctionne d’autant mieux que nombreux sont ceux qui aiment à briller de répéter savamment ces discours de sachants pour la masse (ou pour les nuls?) diffusés pour « informer » de ce qu’il faut penser. C’est tellement ces gens qui aiment à exprimer « leur pensée »… qu’ils ont entendue la veille à la télé lors d’un débat ou qui les conditionne depuis des années par le biais d’un formatage éducationnel. Ou ces gens qui aiment à « jouer au médecin » en pontifiant des avis thérapeutiques et en citant les noms de médocs connus pour tel ou tel problème pour faire genre.

  Bien sûr, il faut quand même une commission de surveillance des dérives sectaires, tant il naît autant qu’il n’existait déjà de « refuges » pour des personnes en besoin d’exister quelque part. Mais que ne sont ces sectes si grosses qui du doigt dirigent sur d’autres  l’attention distraite d’elles-mêmes et qui nous englobent et nous avalent ; pouvoir, argent, réseaux, bien-pensance…

  Une telle commission est-elle indépendante de ces sectes qui ont réussi (rappelons nous qu’un religion est une secte qui a réussi ; l’analogie ne vaudrait-elle pas pour d’autres domaines et celui de la pensée ?) ou n’est-elle que l’instrument des sectes du pouvoir pour ramener dans leurs girons les brebis qui leur auraient préféré d’autres gourous?

  Dans les affirmations parfois si catégoriques qu’ils tiennent, les cons instruits en deviennent tellement ridicules sans s’en rendre compte au vu du déni qu’ils font de certaines évidences. Amusons-nous donc un peu de quelques-uns de ces cons instruits :

Scientisme

  Crétinisme scientifique, réductionnisme de la science.

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  La science vue par le seul cerveau gauche, ce qui rend un peu idiot. Exemples de la pensée scientiste:

  • La lune a des effets sur les marées, sa présence sur les planètes, mais croire qu’elle peut en avoir sur les humains n’est que superstition (les humains sont sans doute « extra » terrestres.)
  • S’il y a recrudescence des crimes lors des nuits de pleine lune, c’est parce qu’on y voit mieux (sic.)
  • Et si certains dorment mal lors de ces mêmes nuits, c’est que leurs rideaux laissent passer la lumière (exemple aussi de projection ; ces crétins de surcroît pontifiant n’ont sans doute jamais connu de nuits blanches.)
  • Quant aux vieilles statistiques relatives à l’influence de la lune sur la naissance des enfants, croyance aussi (même si elle émane des maternités elles-mêmes ; sans doute les sages-femmes étaient-elles bourrées ces soirs là.)
  • Le calendrier lunaire n’est que croyance selon l’affirmation de laborantins qui n’ont jamais planté un poireau autrement qu’avec l’aide des engrais et graines inventés pour forcer la nature.

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 L’ignorance volontaire du paradoxe de l’observateur qui permet à nombre « d’études » de conclure ce qu’elles espéraient y trouver, de confirmer le bien fondé de ce qu’on veut imposer. Lors qu’en tenir compte reléguerait nombre de croyances, dogmes, certitudes  ou preuves « scientifiques » au rang de naïvetés infantiles.

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 S’obstiner à ne pas prendre de serviette de bain tant qu’on a pas prouvé scientifiquement que l’eau est mouillée.

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  Prendre un thermomètre pour prouver que l’eau coulant d’une fontaine enneigée d’un village de montagne en hiver est plus froide que celle d’un oasis dans le désert saharien.

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  Expliquer l’étiomédecine intellectuellement.

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  Con instruit1, contrairement au vrai scientifique qui est un instruit ouvert.

1Pensée pour Michel Audiard : « J’parle pas aux cons, ça les instruit. »

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  Leur argument de défense et de déni de leur connerie ?

  Faire croire que ceux qui ne sont pas soumis à leur savoir inconditionnellement sont des complotistes pour qui la terre est plate.

 Quel délice.