Newsletter

L’étiomédecine en danger

  Plus de trente ans après mes débuts en étiomédecine, le constat de son évolution alerte quant au danger d’extinction dans lequel elle se trouve.

  J’aimerais m’attarder un peu sur les raisons de ce péril qui sont le fait des praticiens et usagers eux-mêmes et par conséquent celles sur lesquelles il est possible d’acter.

  Car ce danger ne vient pas seulement du fait que les institutions et l’Ordre des médecins en appellent aujourd’hui et de plus en plus à l’extermination de ce qu’ils peuvent assimiler à des sectes ; la chasse est ouverte. Parfois pour des raisons corporatistes évidentes, sous couvert du souci des patients, mais parfois à juste titre, hélas surtout quand des praticiens et usagers leur donnent raison et le bâton pour se faire battre.

  Certes l’étiomédecine a ce défaut de porter en titre le nom de médecine que son créateur, le Dr JL Brinette avait adjoint à étio et une certaine idée de la cause. Raison pour laquelle j’ai toujours récusé le terme d’étiomédecin pour lui préférer celui de praticien en étiomédecine, elle-même définie comme « méthode de psychothérapie propre au Dr. Brinette » par jugement de tribunal à l’issue d’un procès intenté contre lui par la représentation de l’ordre des médecins de la région où il exerçait dans les années 90.

  Ceci posé, l’étiomédecine est peut-être l’un des traitements « anti sectes » les plus puissants qui soient… mais de toutes les sectes, petites comme celles tellement grandes qui nous incluent sans qu’on n’en ait toujours conscience, fortes des dogmes ou ancienneté qui leur ont conféré un caractère de vérité (aucun caractère complotiste dans ce propos.)

  Car l’étiomédecine est une thérapie responsabilisante qui est aux usagers un miroir de leur fonctionnement et des souffrances et conditionnements qui en sont les fondements. C’est en cela que réside la « cause » des maladies dont parle le Dr Brinette, soit l’état du patient qui le rend malade et c’est en cela que je définis l’information à rechercher comme l’état du patient ; et non l’apparent évènement recherché comme l’origine d’une relation de cause à effet, binaire et fournisseur d’alibi à un patient déresponsabilisé et victimisé qui pourra par la suite justifier d’une absence de mutation par l’entérinement d’un évènement subi ou le poids de son karma.

  Le soin, pour ne pas être limité à l’extériorisation des émotions (très à la mode ces dernières années), suppose de la part d’un patient la conscientisation de son état d’abord, puis ce fameux soulagement de pressions induites par des mémoires de souffrances ou (et) de conditionnements divers.

  Mais les choses ne s’arrêtent pas là : reste au patient à faire le travail de mutation de son fonctionnement au travers du choix de respecter la justesse ressentie de ses actes,  modifiée par l’allègement de ses mémoires de souffrances. On pourrait en déduire qu’on peut changer ; il est peut-être plus juste de penser qu’on peut plutôt se trouver une fois libéré des filtres, souffrances, conditionnements, certitudes ou croyances qui empêchent d’être soi.

  Le patient qui n’accepte pas cette partie qui est la sienne dans le soin ne fait qu’attendre de l’étiomédecine une solution-miracle au même titre que celui qui attend la résolution de ses problèmes d’une pilule ou d’une prière, dans le déni pur et simple de la part qu’il a dans ce qui lui arrive. Celui-là fait de l’étiomédecine une vague « thérapie » ésotérique de plus dans laquelle il faut « croire » et de son praticien un gourou , parfois bien malgré lui.

  Mais parfois pas malgré lui, quand certains praticiens les confortent dans ce sens, comme tant de pseudo praticiens « énergétiques » qui se cherchent une légitimité existentielle et appliquent sans conscience mais beaucoup de certitudes, des recettes apprises lors de formations qui leur donnent une aura de thérapeutes et nourrissent leur orgueil au travers d’airs entendus d’initiés spirituels. D’autres substituent à la pilule qu’ils n’ont pas le droit de prescrire, potions ou élixirs x ou y ou le port d’amulettes naturelles ou symboliques censés « guérir » qui ne sont, si tant est qu’ils masquent temporairement un symptôme, qu’un refoulement sans mutation possible puisque sans conscience de ce qui est à muter.

  L’un de ces « thérapeutes  énergétiques » (sans doute bien embêté s’il devait expliquer l’énergie) récemment encore me demandait d’intégrer la formation pour ajouter une ligne à sa carte de visite, n’ayant de connaissance de l’étiomédecine qu’une vague séance auprès d’un praticien de la coterie que je vais évoquer ci-après. Si peu de conscience chez quelqu’un qui se présente comme un appui pour des patients en quête de réponses ; j’aurais pu en rire, mais les larmes étaient plus proches.

  C’est là qu’on peut comprendre les inquiétudes légitimes des gens qui craignent les dérives des « médecines » et thérapies dites parallèles… quand leur souci est vraiment celui-ci.

  Et puis viennent les champions du monde de l’arnaque thérapeutique, de la prise de pouvoir sur des patients en position de fragilité, de l’orgueil des incompétents qui se la pètent au mépris de patients tombant trop souvent sous leur coupe avant de réaliser parfois l’inanité de ces gourous ridicules.

  Je pense bien sûr à ces gugusses qui parlent avec beaucoup d’assurance à un patient de leur « vie antérieure », allant jusqu’à prétendre qu’ils « la voient » comme ils voient le patient devant eux, avec force détails scéniques, dates, lieux et circonstances.

  C’est, soyons fermes, une attitude imbécile en plus que d’être nocive. Il est facile de démontrer l’influence sur un thérapeute des résonances trouvées chez un patient, propres à nourrir ses « visions » et ressentis. C’est de plus créer une relation binaire de cause à effet qui de fait déresponsabilise le patient et lui donne un alibi de non mutation, invérifiable et source  d’informations potentiellement fausses ; comme s’il avait besoin de cela en plus de celles qui l’ont amené à consulter.

  Les gourous sont ceux-ci, et en cela donnent raison à ceux-là qui cherchent à faire le ménage, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

  Alors de grâce, l’étiomédecine est un outil extraordinaire qui n’a rien à voir avec une béquille ou une pilule à avaler, pas plus un droit du patient, exigible sans la moindre contrepartie de conscientisation de sa part dans la place qui est la sienne et la manière dont il l’occupe.

  L’étiomédecine se mérite. Il faut lui demander de l’aide quand on est prêt à accepter ce qu’elle renvoie de soi et prêt à reconsidérer un fonctionnement, fort de sensations différées à l’issue des soins où le déni n’a pas sa place.

  L’étiomédecine doit être pratiquée par des gens qui acceptent de recevoir l’état d’un patient, sans en penser quoi que ce soit qui deviendrait un jugement, sans l’hérésie d’un scénario hypothétique qui font d’eux des gourous pseudo initiés ou sachants, ne valorise qu’eux à leurs propres yeux et ceux de leurs ouailles encore plus asservies, ou sans la justification linéaire d’une cause à effet qui définit plus un fonctionnement qu’il n’en est la cause. Par des gens  où l’orgueil est absent mais où présente est l’humilité de ne pas prétendre avoir les solutions que le patient qui fait son travail doit trouver lui-même.

  Bien sûr et comme il m’a été parfois suggéré, je pourrais « ignorer » et laisser après tout, les thérapeutes et les patients se « mériter » les uns les autres, aussi limité que soit le niveau thérapeutique de ces rencontres. Cela ne me poserait aucun problème si ce n’était le nom étiomédecine qui était impliqué. Comme le disait un jour JL Brinette, on ne peut pas toujours rester neutre et il faut parfois prendre position et ne pas être complice de tout laisser faire.

 C’est en cela qu’il ne m’est pas possible de rester silencieux, même si, je vous l’accorde, ce « combat » n’intéresse probablement que peu de monde.

 Mais ces simulacres de soins présentés par quelques showmen  en mal d’identité ou de reconnaissance, ne sont en rien de l’étiomédecine. Se faire mousser et jouer les gourous en étalant de pseudo vies antérieures qui ne sont que les projections fantasmées ou mémorielles de leurs résonances avec des patients, est plus un acte susceptible d’engrammer des informations fausses chez des patients que d’alléger leurs plans de souffrances. C’est aussi et surtout n’avoir du concept de vie antérieure qu’une compréhension infantile comme celle qu’ont de Dieu, les gens simples qui l’imaginent comme un vieux barbu assis sur un nuage. Enfin, l’orgueil aveugle ces personnes au point que, même en admettant la justesse de ces visions, elles ne supposent pas un instant que cette « faculté » puisse être une pathologie plutôt qu’un don ! Comme c’est le cas de la plupart des « dons » dont il tellement flatteur de penser qu’il s’agit d’une distinction divine à soi attribuée plutôt qu’aux autres : orgueil, quand tu nous tiens ! Il est amusant d’ailleurs d’observer ce genre de révélations chez des gens jusque là souvent en échec, qui trouvent là un moyen d’exister et d’imprimer enfin une pellicule vierge aux yeux des autres.

 Reste l’incompréhension manifeste de l’étiomédecine par des gens qui ont  besoin pour exercer, d’artifices, filtres, cailloux (choux, hiboux etc), signifiants de ressentis défaillants au service d’interprétations plus ou moins fantaisistes. Cela fait de « leur » étio une pratique d’apprentis sorciers jouant avec une boîte de petit chimiste reçue à Noël ; qui va prendre ça au sérieux… à part ceux qui justement ont envie de croire en quelque chose à la manière de ceux qui forment le vivier dans lequel les sectes cherchent à puiser, qui par dépit (et on peut le comprendre bien évidemment) cherchent dans le virtuel des raisons d’espérer et rejettent le réel où ils ne se trouvent pas.

  Ces aspects de l’étiomédecine est ce que Le Dr Brinette lui-même nommait… l’Anti étio. Par définition, ce qui détruit l’étio. Comme on le voit, le ver dans le fruit et surtout l’évidence que les germes de destruction de l’étiomédecine sont… à l’intérieur de l’étiomédecine et non chez des gens qui ne la connaissent pas, ni chez d’autres qui pour la plupart ne chercheraient pas à lui nuire particulièrement si elle n’existait pas de plus en plus aux yeux du public au travers de ces déviances que je viens d’exposer.

  Mais l’étiomédecine est tellement plus belle que tous ces trompe-l’œil pour amateurs de sensations ésotériques, de sensationnel ou d’évasion.

  Elle n’est surtout qu’une communication ouverte d’affectif à affectif, où l’un est disponible pour recevoir l’état de l’autre, sans avoir ni à briller ni à se la jouer, pour la com-prendre sans avoir à la comprendre, surtout pas pour prétendre l’expliquer, encore moins la justifier.

  Alors de grâce,

  Patients ! Soyez adultes et responsables en demandant à l’étio ce qu’elle peut vous apporter, soit les éléments de conscientisation nécessaires à votre travail, si vous êtes prêts à le faire réellement car c’est un travail et non la facilité.

   Prétendants à l’exercice de l’étiomédecine ! Acceptez avec humilité de n’être que (mais c’est tellement plus que ce qu’on imagine) celui qui a le potentiel de compassion, l’expérience de vie personnelle et la force pour recevoir la souffrance d’autrui, la finesse et le discernement qui va lui permettre d’en ressentir toutes les nuances comme un œnologue ou un « nez » passe sa vie à discerner des subtilités et des fragrances.

  Car c’est que s’opère un soin en étiomédecine.